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dimanche 13 mai 2012

LENINGRAD



LENINGRAD

Je  reviens dans ma ville familière à pleurer,
Qui vit dans mes veines, dans les ganglions enflés de l'enfant que j'étais.

Te voilà de retour, avale donc sans tarder
L’huile de foie de morue des réverbères de Léningrad sur les quais.

Reconnais sans tarder cette journée de décembre
Où au goudron funeste se mêle le jaune des œufs.

Pétersbourg ! Je ne veux pas encore mourir :
De mes téléphones tu as gardé les numéros.

Petersbourg ! les adresses, je les possède encor,
Je saurai retrouver les voix de tous ce morts

Dans les noirs escaliers je reçois dans la tempe
Les sonnettes que j’arrache à force de tirer.

Et toute la nuit durant j’attends les invités
Agitant à la porte les chaînes des condamnés

(écrit en décembre 1930)

                       Ossip MANDELSTAM (1891-1938)

                           Vers 1920 Ossip Mandelstam a effectué un voyage en Arménie qui l’a enthousiasmé. extrait de son récit:

" Sur l'île de Sevan, qui se distingue par deux monuments architecturaux inestimables du VII° siècle ainsi que par les huttes de pisé des ermites pouilleux morts depuis peu, envahies d'orties et de chardons, et guère plus effrayantes que les celliers abandonnés, j'ai vécu un mois, me délectant des quatre mille pieds d'altitude des eaux du lac et m'exerçant à contempler deux-trois dizaines de tombeaux disséminés … "

(Ossip E. Mandelstam  "Voyage en Arménie"
Editions ‘L’Age d’Homme’